Annie Mignard  écrivain

commentaires sur “Propos élémentaires sur la prostitution


par Stéphanie Pryen dans “Prostitution de rue: le privé des femmes publiques”, revue Ethnologie française, P.U.F.


J’ai écrit Propos élémentaires sur la prostitutiondans Les Temps Modernes n° 356, mars 1976, pp. 1526-1547

                                        

J’ai écrit “Propos élémentaires sur la prostitution”, lors du “mouvement des prostituées” de 1975 contre la répression policière et fiscale du racolage, parce que j’étais étonnée de la démarche de ceux qui, de bon cœur, pour sauver les prostituées, veulent sauver la prostitution avec.

Dix ans plus tard, j’ai lu dans la presse qu’une ancienne porte-parole de ce “mouvement des prostituées” disait: “Comment avez-vous pu croire ce que je vous racontais!


Le bouche à oreille, de nombreuses reproductions spontanées et retirages à part, et les commentaires dans le monde allant de la sociologie à l’histoire et la philosophie ont perpétué jusqu’à aujourd’hui la vie de “Propos élémentaires sur la prostitution” , texte d’environ cinquante feuillets.


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Stéphanie Pryen

Université Lille 3

PROSTITUTION DE RUE: LE PRIVÉ DES FEMMES PUBLIQUES

Revue Ethnologie française, volume 32, 2002/1, pp 11 à 18

P.U.F. 2002



Extrait


    “L’intimité n’existerait pas dès lors qu’il y a prostitution. Annie Mignard considère que la prostituée ne peut avoir de relation privée, celle-ci n’étant qu’une “fiction(“Propos élémentaires sur la prostitution”, Les Temps Modernes 356, 1976) (...)


    Dans notre contexte sociétal spécifique, l’accès au corps est conçu de manière essentialiste (...) Annie Mignard parle à ce propos de l’expérience schizoïde de la prostitution. Insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas, comme dans beaucoup de professions où le corps est en jeu, d’une force de travail extérieure à ceux et celles qui la pratiquent, mais de l’”intégrité du dedans”, de l’”identité d’un être sexué et total”. “On n’a pas son corps, on est son corps. “Mon corps est moi”. Non un objet, un instrument, séparé de l’être, qu’on peut vendre, louer, abandonner ou garder pour soi, mais l’être même. On ne s’appartient pas, on est. (ibid. p. 1544)”