Annie Mignard  écrivain

Le Père

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LE PÈRE, roman.  Paris: Seghers 1991

272 p; 19,4x14,3 cm (Mots). 18,29 €  ISBN 2-232-10285-8



Manuscrits des quatre versions de

Le Père au bas de cette page


Personnel

   Je pourrais résumer Le Père en quatre mots: Nos morts nous aiment.

    Je l’ai écrit dans un remuement, un amour, une culpabilité extraordinaires. C’est une histoire de fils et de père, qui parle de l’écho de la dernière guerre dans 68, qui traite de l’amour filial, de la culpabilité qu’il y a dans l’amour filial, de la rédemption, des rapports qui ne se terminent jamais avec les morts, comment ils sont toujours là parmi nous; qui dit que nous sommes avant tout des fils et des filles;  qui dit que les enfants sont des revenants et que les morts nous aiment.

    Durant ces années où je l’ai écrit, chaque soir en me couchant, j’étais sûre, par un juste châtiment de ma transgression, que j’allais mourir pendant la nuit et que je ne me réveillerais pas le lendemain.

Chaque soir donc, je punaisais mes dernières volontés sur le mur de l’entrée pour ceux qui entreraient et me trouveraient. Et chaque matin je les enlevais quand je voyais que j’étais réveillée et que je n’étais pas morte cette nuit encore.

    Ma mère me demandait au téléphone: “Mais il est gai, ton roman? Il y a des sentiments?” Je disais: “Gai, je ne sais pas, mais des sentiments, il y en a.”


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Exergue

“On ne fait pas assez d’attention aux effets lorsqu’on ne soupçonne pas quelles en peuvent être les causes.”

                        Buffon

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Sur mon travail dansLe Père

voir

> Lecture de ma nouvelle “Le Père lourd” par Thierry Ozwald

> C’est l’inconscient qui travaille

> C’est physique, écrire

> J’aime le théâtre

> Mai 68

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Collection “Mots”, dirigée par Paul Fournel, et dans laquelle j’ai eu le plaisir d’avoir Claire Paulhan pour éditrice.




Annie Mignard. “Le Père” (Seghers/”Mots”)

            - Début -


   “Père, je t’entends. Trois lattes du parquet, par-dessous la moquette bleue de mon bureau, ont craqué en éclair derrière moi, trois craquements vifs qui bondissent depuis la porte jusqu’à ma droite où ils s’arrêtent, et mon oreille se dresse.

    Je suis assis à ma table face au mur, dehors il y a du soleil dans la rue, et je suis en train de noter sur mon carnet de mise en scène les respirations de la scène VI que j’indiquerai à mes comédiens pendant la répétition de cet après-midi. Je songe: “Il faut que je rappelle à Samuel le chef des lumières que je veux du noir brillant au fond de la scène”, je fais celui qui n’a rien entendu. Mais je guette.

    Et presque aussitôt je sens, à deux mètres de moi sur ma droite, la boule de pression que tu formes dans l’air. Je souris, je me dis: “Comme si je ne l’avais pas reconnu! C’était bien sa façon impétueuse de faire son entrée”, et mon coeur s’emplit d’une joie secrète.

    Il est arrivé, d’autres fois où je suis en veine d’être expansif, que je te salue à voix haute - tellement surpris de contentement que je m’écrie: “Salut, Père!”





Quatrième de couverture de “Le Père


Le narrateur, Serge, est un homme de théâtre, constamment pris par l’énergie de ses répétitions entre les coulisses et la scène, entre ses comédiens et ses personnages.

Voilà aussi, principal personnage de son coeur, son père qui vient le hanter, dont il sent la présence à ses côtés, qui le touche, qui lui parle en rêve.

Leur histoire d’amour filial se déroule depuis toujours comme un secret sous la vie de Serge: l’oracle qui sort de la bouche de sa grand-mère à l’odeur de lait: “Tu t’appelles Serge comme celui qui est mort dans la Résistance”, l’explosion des événements historiques de mai 68 une génération après la guerre, les soûleries dans Paris, le grand rire de l’ami Jean-Pierre, les yeux bleus de Moussia sur l’herbe... Serge avait à payer la dette des fils, à celui-là dont il porte le nom et qu’il remplace sur la terre, pour nouer son lien avec lui et trouver sa force. Pour enfin savoir que nos morts nous aiment et ne nous quittent pas. Ils restent parmi nous, on les sent avec le coeur. “Père, dit Serge, je t’entends...”

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Sur une source du personnage de la grand-mère dans Le Père, voir

> Commentaire d’une polémique, par Philippe Lejeune, “Je est un autre

Et à l’étranger

> commentaire d’un commentaire par Wander Melo MirandaCorpos escritos

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Dossier de presse deLe Père


 
 

Le Père: début des 2, 2 1/2, 3 et 4è versions avec leurs titres successifs (J’ai jeté la version 1)

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